Le principe de motricité libre ne date pas d’hier. Il a été théorisé par Emmi Pickler dans les années 60 après une longue phase d’observation des tout-petits.

D’autres recherches scientifiques ont également permis de construire des “échelles de développement”.

Cette approche  repose sur le fait de laisser l’enfant libre de tous ses mouvements, sans les lui enseigner et les lui imposer. C’est laisser la possibilité à l’enfant d’explorer, d’apprendre à connaître son corps

Cette approche se pratique dès la naissance de l’enfant et peut être pensée même avant.

Il est utile que les parents sachent que dans la plupart des cas leur enfant acquerra naturellement et dans un ordre chronologique précis les différentes positions qui lui permettront d’assimiler la marche. 

Ainsi, avant de tenir debout, un enfant effectue tout un cheminement qui se répartit en 3 grandes phases successives :

La phase statique 

A plat au sol sur le dos puis sur le côté, sur le ventre

La phase dynamique 

 Découverte des premiers déplacements. 

Retournements dos ventre / ventre dos  ( alternance des appui, dissociation, découverte sensorielle)… 

Puis rouler-bouler

Déplacement par glissement (ramper ou pivot)

4 pattes

La découverte de la verticalité 

la position assise

position à genoux-assis

position genoux dressés

position debout  

L’apprentissage de la marche est comparé par Michèle Forestier (De la naissance aux premiers pas) à la construction d’une maison. Il faut des bases solides avant de passer à l’étape suivante. toutes les étapes intermédiaires ont un intérêt dans le développement psychomoteur

Inutile donc par exemple de mettre bébé assis trop tôt. S’il ne s’assoit pas seul c’est qu’il n’est pas encore prêt, cela peut d’ailleurs empêcher le développement d’autres étapes intéressantes dans son développement comme les déplacements par glissement ou le 4 pattes.

Intérêts:

Le concept de motricité libre respecte le développement psychomoteur de l’enfant. 

Il lui apporte la joie de découvrir par lui-même, le bébé est acteur de sa motricité

La connaissance de son corps. La découverte de son équilibre , de la coordination

Une autonomie dans les déplacements

La confiance en ses propres capacités

Contribue à son sentiment de sécurité

Favorise aussi l’esprit d’initiative et la créativité

Quel est le rôle du ou des parents?

Le rôle du ou des parents est essentiel, ils apportent une sécurité matérielle et affective

Faire confiance à son enfant et à soi.

Laisser l’enfant entièrement libre de ses mouvements

Il est important de ne pas mettre l’enfant dans une position qu’il n’a pas acquis seul ou dont il ne peut sortir seul ; cela n’empêche pas de lui proposer quelques instant sur le ventre avant les premiers retournements autonomes. On peut guider, accompagner l’enfant, (proposer mais ne pas imposer et toujours dans le sens du mouvement)

Ne pas faire dans la mesure du possible à la place de l’enfant 

Contenance psychique (être entièrement présent)

L’observer avec confiance dans sa motricité quotidienne et son jeu autonome (accompagnement par le regard, la parole)

Veiller à ce que ses vêtements soient souples, le laisser pieds nus ou en chaussons souples

Lui créer un environnement à sa mesure ( qui évolue en fonction de son développement).

Encourager la motricité libre est possible même dans les moments du quotidien lors du change, lorsqu’on le porte, le pose dans son lit ou sur un tapis.

–Quel tapis, matériel, jeu, jouet proposer ?

Il n’est pas nécessaire d’entourer bébé de nombreux jeux, jouets ou de matériel de puériculture sophistiqué. 

Conseils:

Espace simple, calme et suffisamment grand pour que le bébé puisse expérimenter les retournements et les pivots.

Tapis ferme mais confortable

Être vigilant aux sources lumineuses et au bruit ( pas de lumière directe au-dessus de l’enfant, télévision éteinte…)

Quelques jouets choisis en fonction du développement de l’enfant et dans le but d’éveiller ses sens (objets contrastés, des petits objets à attraper, à faire rouler, à mettre dans la bouche avec des textures variées… ) Favoriser aussi les massages, les chants, la lecture, parler…

Certains matériels de puériculture ne sont pas utiles et peuvent même être dangereux.

Vous pouvez ainsi éviter le:

Parc avec filet

Transat qui berce ou fait de la musique 

Bouée pour caler l’enfant 

Les jouets électroniques trop sophistiqués

Il est important que l’enfant puisse bouger, les bras, les jambes mais également la tête même lorsqu’il dort. Il faut dans la mesure du possible éviter les siestes dans le transat, dans un Doomoo, le cosy… Le transat peut être utilisé quelques minutes par jour les premiers mois avant que le bébé commence à se retourner mais il n’est pas à privilégier sur de longues périodes car les possibilités de mouvements sont limitées.

Les Youpala/trotteur (à ne pas confondre avec les porteurs) sont eux proscrits, ils peuvent être dangereux et source d’accidents domestiques.

Adaptez les principes de la motricité libre à votre mode de vie et attention motricité libre ne veut pas dire pas de limites.

Il est important de souligner ici qu’en cas de doutes et si votre enfant est un bébé “vulnérable” pour diverses raisons, il convient de prendre conseil auprès d’un professionnel de santé spécialisé après avis de votre médecin (psychomotricien, kinésithérapeute pédiatrique…).

Conseils de lectures: 

De la naissance aux premiers pas Michèle Forestier

Accompagner l’éveil psychomoteur de bébé, Pavy P. et Rault C, Mango, 2016